Damas-SANA /Après une décennie de déplacement dans le camp d’al-Rukban, cette ère a pris fin avec le départ des familles qui y avaient trouvé refuge, après des années de fuite face à la brutalité de l’ancien régime.
Cette étape ne se limite pas au démantèlement d’une série de tentes et d’installations rudimentaires, elle marque un tournant pour les personnes déplacées, qui souffrent depuis de nombreuses années du siège, de la faim et du manque de services de base.
Le camp d’al-Rukban a été établi en 2014 au cœur du désert syrien, à la frontière entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie. Des dizaines de milliers de Syriens y ont trouvé refuge après avoir été contraints de fuir leurs foyers par la machine de guerre de l’ancien régime. Au plus fort de la crise, le camp abritait plus de 100000 personnes, mais ses conditions de vie tragiques en ont fait l’un des pires lieux de refuge au monde, selon les organisations internationales de défense des droits humains.
Sous le siège étouffant imposé par l’ancien régime, le camp manquait même du strict nécessaire. Maladies et malnutrition se sont propagées, entraînant des décès qui auraient pu être évités si des soins médicaux avaient été disponibles.
La situation critique des personnes déplacées du camp d’al-Rukban ne se limitait pas à la pénurie de nourriture et de médicaments, mais elles étaient également confrontées à un isolement total en raison du siège imposé par l’ancien régime avec l’aide de la Russie.
Les rapports de l’ONU ont confirmé à plusieurs reprises que le camp était assiégé et que l’acheminement de l’aide humanitaire était quasiment impossible pendant des années.
Malgré les appels des organisations internationales, la situation est restée inchangée jusqu’à ce que des vagues progressives de déplacements commencent à se former, à la recherche de zones plus sûres et plus vivables.
Avec la victoire de la révolution du peuple syrien le 8 décembre dernier et la libération de la Syrie de l’emprise de l’ancien régime, les habitants des camps ont commencé à retourner dans les zones d’où ils avaient été déplacés plus de dix ans auparavant. Ce retour ne se limitait pas à la restitution de leurs maisons et de leurs terres, mais plutôt à un retour à la vie. Les familles ont commencé à reconstruire ce qui avait été détruit par la guerre de l’ancien régime, grâce à la coordination entre les chefs tribaux et les conseils locaux nouvellement formés après la libération.
Le démantèlement du camp d’al-Rukban ne se limitait pas au retrait des tentes et des abris temporaires. Il marquait plutôt le début de la fin d’une période tragique de déplacements forcés imposés par des années de guerre. Les Syriens vivant encore dans d’autres camps, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, voient dans cette étape une lueur d’espoir vers une fin définitive de la crise des déplacements et le retour de tous dans leurs foyers.
Alors que l’État syrien s’est engagé à déployer toutes ses ressources pour reconstruire les zones touchées, il semble que cette page sombre de l’histoire moderne de la Syrie soit enfin tournée et que les Syriens ouvrent un nouveau chapitre de retour, de stabilité et de vie de liberté et de dignité.
Raghda Bittar