Damas – SANA/Avec le lancement de la nouvelle identité visuelle de la République arabe syrienne et le renouvellement de l’adoption du symbole de l’aigle comme emblème de l’État, SANA a interviewé l’historien et chercheur en archéologie à la Direction générale des antiquités et des musées, Dr Mahmoud Al-Sayyed, pour parler du rôle central de la Syrie dans la création du tout premier symbole de l’aigle au monde, et comment ce symbole a forgé l’identité des civilisations mondiales.
Quelle est l’histoire archéologique qui prouve que la Syrie est l’origine de l’emblème de l’aigle dans le monde ?
Dans la grotte du mont Balaas, à 55 km à l’est de Salamiyé, on a découvert la plus ancienne sculpture rupestre d’un aigle, datant du dixième millénaire avant J.-C., mesurant 25 cm de long et 15 cm de large, représentant un oiseau à la tête relevée avec un regard perçant symbolisant la fierté.
Sur le site du Tell al-Jarf al-Ahmar, on a retrouvé la plus ancienne sculpture au monde sur une pierre basaltique, découverte sur la rive gauche de l’Euphrate, à 100 km au nord-est d’Alep, également datée du dixième millénaire avant J.-C.
Elle semble même être plus ancienne que celle du mont Balaas. Ces découvertes prouvent que l’homme syrien fut le premier à transformer l’aigle en un symbole matériel de fierté et de souveraineté.
Pourquoi les anciens Syriens ont-ils choisi précisément l’aigle ?
Dans l’imaginaire syrien ancien, l’aigle n’était pas un oiseau ordinaire. Ses ailes symbolisaient l’ascension vers le ciel, son bec puissant représentait le courage, son regard perçant incarnait la vivacité d’esprit. Plus important encore, c’était un oiseau noble qui refusait de se nourrir de charognes.
Les détails précis des sculptures de Palmyre révèlent une tête d’aigle recouverte de plumes, un cou robuste et des pattes musclées, confirmant que l’aigle chasse des proies vivantes et ne se nourrit pas de cadavres.
Quel est le rôle de l’aigle dans l’environnement syrien ?
Le mont Sinjar, à la frontière syro-irakienne, demeure l’habitat le plus important au monde pour les aigles rares. Le village de Al-Ruhaybah (60 km au nord de Damas) est réputé comme marché mondial pour le commerce des faucons.
L’aigle syrien est le gardien de l’équilibre écologique depuis des millénaires : il a empêché tout déséquilibre dans la chaîne alimentaire.
Comment ce symbole est-il passé des vestiges archéologiques à l’emblème de la République arabe syrienne ?
Notre emblème national est bien un (aigle) aux caractéristiques des sculptures syriennes : trois paupières pour protéger les yeux, un bec recourbé et des ailes déployées semblables à celles trouvées à Al-Jarf al-Ahmar et à Balaas.
La Syrie est le premier pays arabe à avoir adopté l’aigle comme emblème, prolongeant ainsi l’héritage des royaumes de Mari et d’Ebla où les ailes d’aigle couronnaient les statues royales.
L’aigle syrien est une incarnation vivante de la puissance, de la liberté, de la souveraineté, de la fierté et du refus de l’agression des symboles que nous avons créés ici et que le monde a adoptés. Aucune civilisation syrienne successive n’a honoré un roi ou une créature sans lui offrir les ailes de l’aigle syrien dans ses sculptures.
R.Khallouf/ M.Ch.