Damas-SANA / Ghiyath Matar, connu pour son humanité et son courage, ne savait pas qu’il deviendrait l’un des symboles de la révolution syrienne, après avoir revendiqué pacifiquement la liberté et la dignité en distribuant des fleurs et des bouteilles d’eau portant l’inscription : « Nous sommes frères, vous et nous », dans la zone de Daraya.
Avec un mélange de fierté et de profonde douleur pour la perte de ses trois fils, la mère de Ghiyath, Anas et Hazem a raconté à SANA comment Ghiyath avait rejoint la révolution dès ses débuts de manière pacifique, convenant avec ses amis de distribuer de l’eau et des fleurs aux forces de sécurité comme symbole de paix et de réclamation de liberté.
Elle poursuit, la gorge nouée : « Cela ne l’a pas empêché d’être arrêté de force, payant de sa vie ses nobles idéaux. Trois jours plus tard, son corps nous est revenu froid, vidé de ses organes, en 2011. Et malgré tous les messages d’intimidation envoyés par le régime déchu, ses deux frères ont poursuivi son chemin».
L’année suivante, Hazem a été arrêté à son retour à la maison sous l’accusation toute faite de financement du terrorisme. Ils lui ont confisqué sa voiture, et nous ne savions ni où il était ni ce qu’il était devenu. Après des mois de recherches douloureuses, nous avons appris qu’il se trouvait à la prison de Saidnaya, condamné à mort. C’est alors que la souffrance judiciaire a commencé pour faire commuer sa peine en emprisonnement à perpétuité.
Les yeux pleins de larmes, la mère de Ghiyath raconte : « Je ne savais pas que ma visite en 2017 à cette sinistre prison serait la dernière. Ils se sont contentés de me remettre un papier portant un numéro de cadavre et une date de décès ».
Elle ajoute : « La douleur ne s’est pas arrêtée là. J’ai déménagé avec ma famille à Sahnaya pour protéger ce qui me restait. Mais le plus dur restait à venir : l’arrestation de mon fils Anas. Depuis 2013, je suis sans nouvelles de lui ».
Elle conclut : « Je suis comme des milliers de mères syriennes. Nous avons un dossier ouvert, non pas dans un ministère ni devant un tribunal, mais dans notre mémoire. Nous vivons sur le souvenir d’un dernier mot, d’un dernier regard, d’un dernier rêve. Nous dormons et nous réveillons dans l’espoir d’avoir des nouvelles de nos fils. Je souhaite que la vérité sur le sort de tous les disparus et détenus soit révélée. Car la vérité n’est ni un luxe ni une sympathie, mais une condition essentielle pour instaurer la paix ».
R.Fawaz